Adolf ou Hitler ? Coup d’oeil sur deux biographies dessinées pour comprendre l’Histoire

S’il y a un bien un nom qui résonne lorsque l’on évoque les affres de la Seconde Guerre Mondiale, c’est celui d’Adolf Hitler. Personnage tristement emblématique, on ne peut nier le génie du mal qui l’habitait et qui a conduit au génocide de millions de civils, Juifs, Tsiganes, handicapés, homosexuels et toute personne ne correspondant pas aux standards de perfection aryenne qu’il avait imaginé.

Mais nait-on foncièrement mauvais ? Peut-on dire qu’il était malade ? Fou ? Dans son esprit, sans doute, se trouvaient de réelles justifications aux atrocités commises. Mais d’où cette idée de « purification raciale » a-t-elle bien pu jaillir ? Comment un homme peut-il autant haïr l’humanité ?

Deux biographies dessinées parcourent la vie d’Adolf Hitler, de l’enfant malheureux au Führer vaincu en passant par l’artiste raté et le soldat blessé qu’il fut et se proposent de dresser un portrait de l’homme et non du monstre. De quoi redécouvrir l’Histoire sous un nouvel angle.

  • La véritable histoire vraie : Hitler (chez Dupuis).
    Scénario : Bernard Swysen 
    Dessin : Ptiluc

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La couverture fait irrémédiablement penser à Maus (Art Spiegelman) qui représentait déjà tous ses personnages sous une forme animale. Mais le ton ici est beaucoup plus cynique… Véritable trésor d’inventivité, la bande dessinée dessine au fil de ses pages la vie d’Hitler, faite d’échecs et de combats menant inévitablement à l’atrocité de sa prise de pouvoir. Pour autant, on rit et on sourit, devant cette représentation d’Hitler, parfois ridicule, souvent grotesque, mais lorsque son antisémitisme et sa haine refont surface au détour d’une bulle, le rire disparait et laisse place à l’horreur. Là se trouve le tour de force des artistes. En une seule double page, qui passe de la couleur au noir et blanc, la réalité des camps surgit devant nos yeux et nous rappelle ô combien le travail de mémoire est important.

Cette bande dessinée, malgré quelques évènements rapidement évoqués – mais en moins de 110 pages il est difficile d’être exhaustif – est plutôt complète et réveille notre curiosité (chacun est libre ensuite de faire des recherches plus approfondies). Complétée d’un dossier documentaire à la fin, elle peut faire office de support pédagogique à mettre entre les mains des plus jeunes dès lors que l’on commence à leur enseigner cette période. Car malgré l’apparente « légèreté » du ton, la BD n’oublie pas d’aborder la maladie, le fascisme, le suicide, les bombardements, la monstruosité des camps. Elle sera à n’en pas douter un outil qui permettra d’ouvrir la discussion.

  • Hitler (Chez les éditions Cornelius)
    De Shigeru Mizuki51hgtYXh7eL._SX351_BO1,204,203,200_-2

Dans ce manga, Shigeru Mizuki retrace lui aussi la vie d’Hitler en convoquant les mêmes variations du personnage. Cependant, et c’est pourquoi les deux oeuvres se complètent, les évènements ne sont pas contés avec les mêmes détails. Shigeru Mizuki prend le temps de se concentrer sur le stratège qu’était Hitler avec une mise en avant de ses décisions de chef de guerre – qui le mèneront à sa perte.

Mais là aussi Hitler est représenté comme risible, presque caricatural, avec un côté quasi burlesque dans ses expressions et ses gestes. Représentation volontaire d’un homme dont les tenants et les aboutissants de ses actes sont aussi troubles que sa personnalité. Un évènement reste cependant en suspens ici : les camps de concentration. Shigeru Mizuki laisse cette partie de l’Histoire de côté – seules deux mentions en sont faites au tout début et à la toute fin. Cela s’explique peut-être par la date de parution originale du manga, 1971, où le recul sur ces crimes n’était pas aussi net que celui que l’on a aujourd’hui.

Impression étrange, donc, notamment dans les dernières pages où les corps brûlés d’Hitler et d’Eva Braun sont mis en miroir avec l’amas de corps juifs anonymes. Peut-on mettre au même niveau bourreaux et victimes ? Quelque peu déconcertant, il s’avère que ce parallèle n’est pas à comprendre d’un point de vue individuel mais d’un point de vue historique où, nous dit l’éditeur, « le charnier de l’Histoire engloutit les victimes et leurs bourreaux  » . Fin justifiée donc.


Conclusion, ces deux biographies dessinées se complètent fort bien grâce à leur différente façon de raconter et de montrer l’Histoire tout en étant très bien documentées.

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